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Javier Negrete

jeudi 15 novembre 2012, par Chrysagon

L’auteur espagnol des Chroniques de Tramorée était présent à la treizième édition du festival des Utopiales de Nantes. Il a évoqué son travail en présence de J.-A. Debat et par le truchement de Christophe Josse, également traducteur de ses livres pour les éditions l’Atalante.
Pourquoi évoquer un auteur contemporain dans les Chroniques Némédiennes ? Tout simplement car il est de ces rares auteurs de fantasy à ouvrir la porte d’un monde épique aux enjeux crédibles, aux personnages vivants, sans tomber dans l’abus de descriptions soporifiques supposées mettre en place des univers bancales. Sa grande connaissance de l’Histoire lui permet au contraire de brosser le portrait de personnages et de peuples avec brio. Bref, un digne héritier de Two-Gun-Bob ! Celui que l’on surnomme dans son pays « le Tolkien espagnol » nous a confié en coulisses avoir une préférence pour Robert Howard dont il a découvert enfant les personnages par l’intermédiaire des bandes-dessinées.
Les œuvres de Javier Negrete ne cachent pas la passion pour l’Antiquité de ce professeur de grec ancien qui, si le système scolaire ne l’avait pas forcé à se définir comme littéraire plutôt que scientifique (un travers semble-t-il planétaire), aurait pu se destiner à la physique. Son premier roman écrit à l’âge de dix ans se déroulait déjà durant l’Antiquité et se finissait de façon sanglante, avec la mort de tous ses personnages, un gage de qualité pensait-il alors.


Ses premiers récits, appartenant sans conteste à la science fiction (et non traduits en France) ont remporté plusieurs prix, et renferment sans conteste des références à la mythologie tout en abordant des thèmes très modernes. Ses récits uchroniques proposant notamment des variantes au destin d’Alexandre le Grand sont aussi à noter pour leur qualité, tout comme « Les Seigneurs de L’Olympe » qui dépeint les complots des anciens dieux grecs. Car c’est finalement là que se cachent les origines de la fantasy, au milieu des plus anciens mythes de l’homme, pour qui ils constituaient en d’autres temps une expérience quotidienne.
Cet auteur très rationnel n’hésite pourtant pas à saupoudrer ses récits historiques de fantastique. Le principe de la prophétie, dit-il, permet de créer une unité au sein d’un récit qu’il faut bien finir à un moment. L’Histoire continue, mais le lecteur doit refermer le livre avec un sentiment d’accomplissement et de satisfaction.
Mais c’est bien sûr pour sa Chronique de Tramorée que les Chroniques Némédiennes ont remarqué Javier Negrete. Parti pour une trilogie, le cycle compte finalement quatre volumes, dont le dernier sera publié en deux tomes, toujours aux éditions L’Atalante. Les aventures de Derguin Gorion se termineront alors définitivement nous a confié l’auteur.
La saga du jeune escrimeur rencontré dans « Zémal, l’épée de feu » continue avec sa lutte contre les peuples Aïfolu suivant un messie qui prêche une guerre sainte et sanglante. Castes de guerriers, sorciers, démons, campagnes militaires, fourberie et honneur sont les principaux ingrédients d’un récit habilement mené et maîtrisant des références gréco-romaines là où les mythes anglo-saxons sont habituellement la référence.
L’auteur a confié avoir travaillé à l’écriture de la bataille de la Roche de Sang qui clôt « Syfrõn, l’esprit du mage » en même temps qu’il développait le récit y conduisant, visualisant les différentes unités avec des morceaux de carton. Mais si Javier Negrete est un spécialiste des grandes batailles épiques, son récit est toutefois empli des sentiments propres à rendre les personnages authentiques et attachants, à l’instar de Kratos, guerrier renommé, mais fatigué, au sein de la Horde Rouge.
Il est donc à regretter que tous les récits de cet auteur passionnant ne soient pas encore disponibles en français, notamment « Salamine » qui décrit la célèbre bataille de Thémistocle contre Xerxès en 480 av. J.-C.


Javier Negrete sur le site de L’Atalante