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La Fille du Géant du Gel adaptée au cinéma

vendredi 24 décembre 2010, par Chrysagon, Simon Sanahujas


Douglas Sunlin réalise actuellement un fan film - un court métrage réalisé par des semi-professionnels - adapté de "The Frost-giant’s daughter". Si vous voulez l’aider, vous pouvez contribuer au budget du film sur la page Kickstarter qui y est dédiée :

kickstarter

En contrepartie de vos dons (qui ne seront encaissés que si l’ensemble du budget est réuni) vous aurez plusieurs cadeaux en fonction de la somme investie : d’une version dédicacée du script à votre nom mentionné au générique en passant par le dvd du film.

Important : la dead line pour la levée de fond est arrêtée au 23 janvier 2011.

Inutile de vous dire que les Chroniques Némédiennes soutiennent ce beau projet !


Les Chroniques némédiennes : Pouvez-vous vous présenter pour les fans français de Robert E. Howard qui ne vous connaissent pas forcément ?

Douglas Sunlin : Bonjour, je m’appelle Douglas Sunlin. Il semble que le nom de ma famille provienne de quelque part en Alsace-Lorraine. On le trouve dans un dictionnaire gothique. Peut-être ai-je donc un barbare pour lointain ancêtre.

Je suis fasciné par les côtés artistiques et techniques du cinéma depuis que mon père m’a confié une caméra 8 mm alors que j’étais au collège. Quelques années plus tard, je découvrais les histoires de Conan par Robert E. Howard.

C. N. : Pourquoi avez-vous décidé de réaliser votre propre adaptation de Conan ?

D.S. : Ces deux passions se sont entremêlées en moi avec le temps ; j’ai étudié le cinéma et le travail d’acteur au Lycée, ainsi que l’escrime et la mise en forme physique. J’ai rejoint l’US Navy comme journaliste audiovisuel, appris les arts martiaux, vu le monde. Mais quand le film de John Milius « Conan le Barbare » est sorti dans les années 80, tout à changé. Durant quelques années, j’en étais satisfait, mais rapidement j’ai eu l’impression de m’être fait avoir.

J’ai étudié le travail d’acteur, écrit quelques scripts, mais sans avoir l’impression que cela pouvait faire une différence dans la façon dont la saga de Conan était présentée, car le système hollywoodien est plutôt impressionnant.

Récemment je suis devenu modérateur pour le forum de discussion Conan.com, et nous avons vu les nouveaux efforts de Paradox afin de faire revivre la franchise. Grâce à la technologie moderne, quiconque possède une caméra de bonne qualité et un peu de talent peut rivaliser avec le système hollywoodien. Cela m’a donné l’espoir de pouvoir le faire moi-même ; encouragé par mes amis qui m’ont rejoint dans cette quête pleine de gloire. C’est un réel privilège d’avoir un tel but à atteindre ainsi que des gens qui croient en vous. Je suis vraiment béni des Dieux.

C. N. : Pourquoi avoir choisi la nouvelle « The Frost-giant’s daughter » ?

D. S. : Nous avons bricolé avec un certain nombre de récits au fil des années, avec plusieurs faux départs. Je voulais tout d’abord juste filmer les premières scènes de La Tour de l’Elephant. Puis nous avons envisagé Le Dieu dans l’Urne. Il est difficile de trouver de bons acteurs prêts à travailler pour presque rien et pourtant capables de prestation de qualité professionnelle tout en étant très disponibles. Il est aussi difficile pour un réalisateur de film à micro budget de trouver de bons lieux de tournage. Puis nous avons envisagé La Fille du Géant du gel. Je suis un skieur émérite et suis habitué au froid et à la neige. J’ai réussi à convaincre mon directeur de la photographie que nous pouvions le faire.
Tel que nous l’envisageons, notre production présente un certain nombre de défis techniques. Plusieurs habitués des reconstitutions de l’ère viking vont combattre pour nous dans la neige ; l’actrice incarnant Atali sera presque nue durant le tournage ; nous allons recréer les géants des glace avec un seul acteur, ainsi qu’une doublure de Conan d’un mètre vingt dans certains plans. J’ignore à quelles autres épreuves les Dieux nous confronteront, mais en tant que barbare, je me dresserai pour relever le défi en espérant ne pas décevoir les fans.

C. N. : Pouvez-vous nous en dire plus à propos des acteurs ? Le casting a été arrêté concernant les principaux personnages, alors, qui sont-ils ? A quoi ressemblent-ils ? Que pouvez-vous nous dire de leurs performances d’acteur ?

D. S. : J’ai invité plusieurs acteurs à participer aux auditions. William McMichael m’a beaucoup impressionné lors de sa lecture enthousiaste d’un monologue tiré du Colosse Noir. Will joue souvent dans un petit théâtre de San Francisco qui suit la tradition du Grand Guignol. Mon meilleur ami a assisté au spectacle et m’a suggéré de le contacter pour les auditions.

J’aimais beaucoup David Atwood, mais ce dernier a reconnu qu’il n’avait pas le temps de s’impliquer dans un rôle principal ; il interprète néanmoins Heimdul et participe à la fabrication des accessoires.

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Conan face à Heimdul ?


J’ai vu une photo de Natalia Sofia et l’ai tout de suite voulue pour le rôle. Elle est venue au studio et a décroché le rôle d’Atali avec énergie et nuance. Elle est d’origine ukrainienne, et sa pointe d’accent ainsi que son approche shakespearienne ont fait mouche.

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Conan découvrant Atali ?


Le fils d’un de mes amis est ceinture noire d’une variante de kung-fu. Il s’appelle James, est âgé de douze ans et mesure un mètre vingt , il servira de doublure, faisant paraître nos géants d’un mètre quatre-vingt gigantesques. Mais je suis en train de révéler mes secrets...

C. N. : Où avez-vous prévu de tourner et qu’est-ce qui a motivé votre choix ?

D. S. : Je skie souvent dans les Sierras et je connais pas mal de paysages accidentés à trois ou quatre heures de la Baie de San Francisco où nous pourrions imaginer qu’Atali et ses frères, les Géants des Glaces nous attendent. Avec notre budget nous devions nous cantonner à des zones ne demandant pas une rémunération trop élevée. Cela à éliminé d’office les parcs nationaux comme le Yosemite pourtant proche. J’aurais adoré filmer au Wyoming’s Grand Tetons National Park car ses pics saillants me rappellent la peinture immortelle de Frazetta qui illustra ce conte de Howard. L’office des forêts des Etats-Unis ne demande pas de participation financière pour les films non commerciaux à petit budget, j’ai donc choisi ainsi notre terrain de jeu.

C. N. : Les costumes occupent une place importante dans ce genre de film, où allez-vous les trouver et quels sont vos choix dans ce domaine ?
D. S. : J’ai un long passé dans la reconstitution historique, principalement l’époque viking. J’ai donc pas mal de costumes, des armes ainsi que des armures sous la main. J’ai également dégotté des casques à cornes sur internet. Nous réalisons beaucoup de choses nous-mêmes en partant de zéro ; et nous avons un costumier à nos côtés dans le défi de réaliser des costumes identiques pour Will et sa doublure James.

J’aimerai remercier tous mes fidèles barbares qui ont accepté de me suivre dans cette aventure. Ils ont foi en mes idées, et sans eux, ce projet serait resté à l’état de rêve.

C. N. : Parlons un peu du script : qui l’a écrit ? Avez-vous effectué des changements par rapport à l’histoire originale de Howard ou pas ?

D. S. : Mon intention est de coller autant que possible à l’histoire de Howard. Il est très visuel dans sa façon de raconter ; chacune de ses phrases amène aisément une visualisation que j’ai traduite en plans de caméra. Il y a certains passages qui ne sont toutefois pas transposables de façon aussi simple ; par exemple le champ de cadavres. Il indique qu’il y a eu conflit majeur. Mais simplement montrer un tas de guerriers morts dans la neige aurait eu moins d’impact au cinéma. J’ai choisi à la place de commencer media res, en plein milieu de l’action. Il y aura donc bataille.

C. N. : Parlez-nous un peu de votre expérience personnelle : quels films avez-vous réalisés ?

D. S. : Dès l’adolescence j’ai beaucoup pratiqué avec la caméra offerte par mon père. J’ai étudié les techniques du cinéma. A cette époque, 2001, l’Odyssée de l’Espace de Kubrick sortait en salle, et j’ai étudié toutes les techniques qu’il a utilisées. Je rêvais d’aller dans une école de cinéma, mais j’ai à la place étudié la littérature anglaise. Mais j’ai entretenu mon rêve et j’ai étudié la photo et le jeu d’acteur parmi d’autres choses. Ce n’est que récemment que j’ai filmé Cimmeria et l’ai partagé sur Youtube. Je suis donc essentiellement un amateur éclairé, entouré d’une petite équipe de professionnels qui croient en lui.

C. N. : Combien de jours de tournage prévoyez-vous ? Allez-vous tourner l’ensemble du film en une fois ou prévoyez vous plusieurs séances de travail distinctes ?

D. S. : J’ai prévu que nous nous rendions trois fois sur place suivant les trois actes de l’histoire qui requièrent des équipes différentes d’acteurs. Je vais également tourner le combat avec les Géants des Glaces en intérieur devant un écran vert.

C. N. : Parlons un peu de votre budget. Pouvez-vous expliquez aux internautes le système Kick starter ?

D. S. : Le principe avec Kickstarter est que vous déterminez votre budget, estimé dans mon cas à 5000 dollars, et offrez aux donateurs différents cadeaux en fonction de leurs niveaux de participation. Ces cadeaux sont cumulatifs, ce qui fait que les plus généreux, inscrits au générique comme producteurs exécutifs, recevront également une affiche, une copie du script, etc. Si je ne reçois pas la somme suffisante de mes supporters, je ne toucherais pas un cent et devrais tout financer de ma poche.

C. N. : Et où en êtes vous actuellement ?

D. S. : Pour l’instant nous sommes à un peu plus de 2000 dollars, mais qui sait jusqu’où nous pourrons aller ?

Nous avons des séquence à acheter, ainsi que des costumes et du matériel de production. Nos acteurs principaux méritent également une rétribution raisonnable étant donnés leur talent et le talents qu’ils ont investi. Jusqu’à maintenant, beaucoup des dépenses diverses viennent directement de ma poche.

C. N. : Prévoyez-vous de recourir à des effets spéciaux ? Et si oui, quel montant du budget leur sera dédié ?

D. S. : Mon rêve serait d’utiliser les effets spéciaux aussi peu que possible. Mais pour la bataille avec les Géants pas exemple, nous avons besoin d’un peu de magie du cinéma. J’ai la chance de connaître le jeune James, dont les talents dans les arts martiaux permettront d’utiliser les mêmes techniques que celles employées dans le Seigneurs de Anneaux pour créer la différence de taille entre les Géants et Conan. Géants qui seront joués par un seul acteur, je le rappelle. Mais je ne veut pas trop dévoiler de notre projet, car les fans connaissent déjà chaque mot de l’histoire. Préservons un peu l’effet de surprise !

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Conan ?

Texte traduit de l’américain.
Interview réalisée par mail du 15 au 23 décembre 2010.
Les photographies présentes sur cette page sont propriété du Studio Guignol, reproduites ici avec la permission de Douglas Sunlin.