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Lettre à H. P. Lovecraft

mardi 28 novembre 2006, par Robert E. Howard




July 1933

Dear Mr. Lovecraft :
I am sending on to you the enclosed manuscript, according to instructions. I read it the same day I received it, and I hardly know how to express my admiration for the splendid work you and Mr. Price have accomplished. I was most intrigued by the personalities of "Etienne de Marigny" and "Ward Phillips" ! And hope these fine characters will be used again.
My sensations while reading this story are rather difficult to describe. The effect of reality was remarkable. Some of the speculations were over my head, at the first reading—not from any lack of clarity, but simply because of their cosmic depth.
The Dhole-haunted planet of Yaddith conjures up tantalizing vistas of surmise, and I hope you will use it in future stories. I hope, too, that you’ll decide to get poor Randolph Carter out of his frightful predicament. I remember "The Silver Key"—yet remember is hardly the word to use. I have constantly referred to that story in my meditations ever since I read it, years ago—have probably thought of it more than any other story that ever appeared in Weird Tales. There was something about it that struck deep. I read it aloud to Tevis Clyde Smith, and he agreed with me as to its cosmic depth.
I should be answering herewith your recent—and as always, interesting letter ; but I’m swamped with work just now. However, I hope to answer it in full soon. Our points of disagreement are not so radical as I had previously thought.

Thanks for the picture folder, and please present my best wishes to Mr. Long. I here enclose a few snaps taken at old Fort McKavett, which lies in Menard County, 155 miles southwest of here, three miles from the head of the San Saba River, mentioned in tale and fable, and in connection with the Lost Bowie Mine, mentioned in a previous letter. McKavett is fascinating—a village of ruins and semiruins, people living in the old unruined barracks and soldier’s quarters, among the remnants of other buildings which have not stood the test of time. I was in too big a hurry to get much of its history, or many pictures, but I hope to return there some day for more data. The fort was established in 1871 by the Federal government which was foolish enough to station negro troops there ; their arrogance led to a fierce and bloody war between the fort and the inhabitants of the country—a wild, hilly, rocky, thickly timbered expanse—in which the natives had the best of it, and in 1883 the fort was definitely abandoned. Don’t bother to return these snaps ; I have duplicates of them.
Cordially,
Robert E. Howard

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Juillet 1933

Cher Mr Lovecraft,
Je vous fais suivre le manuscript ci-joint, selon vos instructions. Je l’ai lu le jour même de sa réception, et j’ai beaucoup de mal à vous exprimer mon admiration pour le travail splendide accompli par vous et Mr Price. J’ai été plus qu’intrigué par les personages d’"Etienne de Marigny" et "Ward Phillips" ! Et j’espère que ces personnages seront utilisés à nouveau.
Mes sentiments alors que je lisais cette histoire sont assez difficiles à décrire. L’effet de réalisme était remarquable. Certaines spéculations me sont passées au dessus de la tête à la première lecture - non par manque de clarté mais simplement par leur profondeur cosmique.
Le planète Yaddith hantée par les Dholes ouvre des horizons de conjectures tourmentées, et j’espère que vous l’utiliserez dans de prochaines histoires. J’espère aussi que vous déciderez de sortir Randolph Carter de cette effroyable situation. Je me souviens de "La Clé d’Argent" - et se rappeler est un mot bien faible. Je me suis constamment référé à cette histoire durant mes méditations depuis que je l’ai lue il y a des années. Il y avait quelquechose dedans qui m’avait profondément marqué. Je l’ai lue à haute voix à Tevis Clyde Smith, et il a convenu avec moi de sa profondeur cosmique.
Je devrais répondre ici à votre dernière - et comme toujours passionnante, lettre ; mais je patauge dans le travail à l’heure actuelle. Néanmoins j’espère y répondre bientôt. Nos divergences ne sont pas aussi radicales que je l’avais pensé.
Merci pour la série de photos, et présentez s’il vous plait mes meilleurs voeux à Mr Long. Je joins ici quelques clichés pris au vieux Fort Mc Kavett, qui se trouve dans le comté de Menard, à 155 miles au sud ouest d’ici, à trois miles de la source de la rivière San Saba, mentionnée dans les contes et les fables, et en liaison avec la Mine Perdue de Bowie évoquée dans la lettre précédente. Mc Kavett est fascinant - un village de ruines et de demi-ruines, des gens vivant dans les anciens barraquements et quartiers des soldats encore intacts, au milieu des restes des autres bâtiments qui n’ont pas résisté aux ravages du temps. J’étais trop pressé pour apprendre beaucoup de son histoire, ou prendre beaucoup de photos, mais j’espère retourner un jour là bas pour plus d’informations. Le fort fut construit en 1871 par le gouvernement fédéral qui fut assez fou pour y cantonner des troupes nègres ; leur arrogance conduisit à une guerre acharnée et sanglante entre le fort et les habitants du pays - une étendue sauvage, accidentée, rocailleuse, fortement boisée - dont les indiens tenaient la majeure partie, et en 1883 le fort fut définitivement abandonné. Inutile de me renvoyer les clichés ; j’en possède des doubles.
Cordiallement,
Robert E. Howard

Traduction : Chrysagon